L'aube se lève.
Le coq chante.
Le soleil pointe le bout de son nez.
Je me réveille, les cheveux en bataille.
Trois jours déjà.
Trois jours que nous vivons dans une anxiété telle, que je n'arrive plus à dormir.
On n'a toujours pas de nouvelles. Les renforts envoyés là-bas ne sont pas revenus. C'est à dire la moitié du village. Pourquoi? Pourquoi je ne puis partir? Ils m'attendent, je le sais. Je veux mourir avec eux. La mort ou la gloire! comme disait feu mon épouse. Elle a dû prendre la première option.
Je n'ai revu que sa dague, tachée de sang, mais dont la première lettre de son nom est restée visible. D
Je m'habille. Lentement, j'enfile ma cuirasse. Elle me serre. Je sors, le ciel est gris. Les quelques visages que je croise ont un air maussade. Ils le savent autant que moi. Je dois partit. Là-bas, quelques dizaines de personnes. Elles sont motivées, excitées, elles n'ont pas été informées. Tous ont perdu un frère une sœur, une mère, un père, mais ils ne le savent pas. J'ai envie de crier. Je veux y aller, la venger.
- Troisième escouade! En avant!
Notre paladin aurait dû remplacer "escouade" par "vague". Tous les précédents sont morts.
Ma première est journée est rythmée à la cadence des pas.
Enfin, la Tour. Là voilà. C'est ici que gisent tous les corps. Mes compagnons se sentent mal à l'aise. Je les comprends. Il y eut un rugissement tonitruant. Le moral était au plus bas. Je reconnus certains visages. Mon épouse, et quelques camarades. La terre tremble. Il s'approche.
On me l'avait décrit comme inspirant la crainte, mais je n'en éprouvais aucune trace. Ma détermination en était justement renforcée. Je chargeai sans crier gare, sans attendre l'ordre du paladin. Tous me suivent. Nous chargeons.
L'aube se lève.
Le coq ne chante plus.
Je ne ressens plus rien, juste de la honte. La pleine est devenue rouge. Elle s'appellera par après "La plaine aux morts". Nous étions fous. Nous étions jeunes.
Nous ne sommes plus rien, maintenant...Mais peut-être, un mince espoir...
A suivre...